Super Meat Boy Forever

Aujourd'hui, nous allons explorer de nombreux mondes à la recherche de notre ange disparu, volé par un infâme malandrin ... Celui-ci tentera de mettre moultes embûches sur notre chemin et nous devrons courir vite, sauter, plonger et foncer pour vivre cette aventure à fond la caisse, en incarnant non pas un petit hérisson bleu mais un petit cube de viande très énervé dans le jeu du jour, j'ai nommé ... Super Meat Boy Forever !

Super Meat Boy Forever est un jeu vidéo de plate-forme de précision de type endless runner en 2D - on y revient tout de suite - sorti en 2020 sur PC et Switch, et un peu plus tard sur PS5 et Xbox. Développé et édité par la Team Meat, le jeu nous met dans la peau de Meat Boy qui était tranquillement en train de profiter de la vie autour d'un pique-nique avec sa chère et tendre Bandage Girl et surtout avec son rejeton Nugget ! C'était sans compter sur l'infâme Docteur Fetus et son plan pour voler le petit ange pour ses sombres méfaits. Ni une ni deux, Meat Boy et Bandage Girl se lancent à la poursuite du ravisseur pour lui coller une bonne correction et retrouver l'enfant prodige. Et oui !

Disons-le tout de suite : si Super Meat Boy Forever est la suite spirituelle de Super Meat Boy, jeu indépendant cultissime sorti dans les années 2010 des esprits malades de Edmund McMillen et de Tommy Refenes, il ne s'agit pas ici d'une suite directe. En effet, si les deux gardent une essence commune, celle du jeu de plate-forme, la version Forever qui nous concerne aujourd'hui prend deux décisions radicales : tout d'abord une perte dans la précision extrême des contrôles pour le choix disons original de passer en mode endless runner. Késako ? Et bien il s'agit de ces jeux où le personnage avance tout seul et où vous n'avez qu'à gérer les sauts et autres mouvements spéciaux du personnage.

Très présent sur mobile avec des classiques du genre comme Jetpack Joyride ou Temple Run, ce type de jeu simplifie le gameplay, ou plutôt le déplace en axant la difficulté sur la lecture du level design plutôt que sur les contrôles eux-même. Ceux-ci restent malgré tout très précis et réactif et le panel de mouvement du personnage restent malgré tout assez complexe, assez nuancé pour proposer quelque chose de tout de même intéressant.

L'autre point différent avec son prédécesseur est la nature aléatoire des niveaux de Super Meat Boy Forever. En effet, si dans le précédent jeu, les niveaux étaient manufacturés de main de maître par les créateurs, ici, les niveaux sont générés aléatoirement en une succession de sortes de blocs de jeu qui contiennent des obstacles. Cela signifie que votre aventure dans le jeu sera différente de celle de votre voisin où même de celle que vous voudrez refaire sur une prochaine sauvegarde.

L'avantage d'une telle proposition est la rejouabilité quasi-infinie des niveaux, qui se régénèrent sous une nouvelle forme à chaque fois. Cela dit, nous ne sommes pas sous un format roguelike puisque les niveaux ne changent pas entre chaque tentative ! Une fois que votre niveau est généré, vous le gardez comme tel pour tous vos essais. Et vous risquez d'en avoir un certain nombre des essais !

Le jeu est un plateformer de précision, c'est à dire qu'il faudra appuyer sur le bon bouton au bon moment pour arriver à la fin du niveau le plus vite possible. Et la fenêtre du "bon moment" est parfois très très courte ! Si la difficulté du titre est parfois hasardeuse dû à la nature aléatoire des niveaux, elle reste malgré tout assez progressive pour que vous pussiez vous améliorer au fil de votre exploration. C'est néanmoins un jeu assez dur et il vous faudra parfois un mental d'acier pour passer un passage un peu délicat ou un pic compliqué.

Cela fait partie du jeu et de la proposition. C'est sûr, et on le dit bien fort pour ne pas prêter à confusion : il ne s'agit pas du même jeu que Super Meat Boy, premier du nom ! Certains niveaux vous sembleront impossible au premier abord, mais sauf erreur de notre part, il est impossible de se retrouver coincé sur un passage ou un enchainement de bloc de level design impossible. La génération procédure fait ici bien le boulot et ces "blocs" faits à la main sont toujours traversable d'une manière ou d'une autre... Faudra parfois chercher un peu, c'est tout ! Cela dit, même si vous tombez lamentablement et que vous mourrez, la mort est loin d'être punitive : en effet, vous réapparaissez immédiatement au dernier checkpoint, au dernier bloc de niveau parcouru et vous pouvez retenter votre chance. Il n'y a pas de véritable malus à perdre un passage et à le recommencer.

Votre personnage court donc tout seul comme un grand, mais il est également capable de donner un coup de poing pour éliminer les ennemis devant lui. Pratique ! Ce coup vous permet également de bénéficier d'un petit boost de vitesse pas dégueu quand il s'agit de passer un précipice un peu trop grand. Il peut également se baisser pour éviter les obstacles et plonger pour descendre plus vite en bas du niveau. Voilà pour les actions de base : elles sont toutes très réactives et très précises pour les enchaîner rapidement si besoin. Et vous en aurez besoin face aux très nombreux obstacles sur votre route !

Car oui, qui dit plateformer de précision dit obstacles salés ! Et vous allez en prendre plein la tronche : en plus de fournir les classiques scies circulaires, lasers, blocs écraseurs et autres monstres en tout genre, chaque niveau du jeu offre sa petite particularité avec son obstacle propre, ou plutôt sa mécanique propre. Et oui : le jeu se réinvente à chaque nouveau tableau et propose un nouvel élément de jeu, qui ne restera pas forcément mais qui amène toujours de la nouveauté.

Sans rien révéler des derniers niveaux, on peut parler de certaines mécaniques : une zone dans laquelle il ne faut pas rester trop longtemps sinon on meurt, des caisses à exploser à l'aide de scies énervées, des ventilateurs pour se propulser à l'autre bout du niveau, des passages fermés à clés où vous devrez récupérer cette dernière pour ouvrir la route, des chaînes sur lesquelles s'accrocher pour monter ou descendre rapidement, des mines de proximité à activer pour continuer à avancer, des blocs qui disparaissent à votre arrivée ou d'autres à péter pour ralentir le temps autour de vous, des araignées qui vous bloquent sur un écran à l'infini, bref, y'a de quoi faire !

Et votre contrôle de chacune de ses mécaniques sera mis en pratique à la fin du monde en cours contre un boss redoutable ! Ces niveaux particuliers que vous n'aurez pas à parcourir mais dans lequel vous devrez découvrir comment éliminer le gros méchant pas beau sont des moments de jeu pur où votre concentration sera à son paroxysme pour analyser, comprendre puis appliquer à la perfection un plan de jeu pour arriver au bout et vaincre cet ennemi particulier coriace.

Ces moments sont parmi nos préférés car là, point d'aléatoire ! Il s'agit d'un moment old school à comprendre les patterns du boss, ses attaques, ses moments de vulnérabilité où vos différentes techniques, toutes vos possibilités peuvent être utilisées pour lui faire des dégâts... Quel moment parfait où l'on comprend enfin ce que le jeu veut nous dire et que l'on commence à essayer d'y arriver ! On a bien dit essayer parce qu'entre la théorie et la pratique, il y a tout un monde !

En parlant de mondes, chaque niveau offre - au delà de ses mécaniques propres dont on parlait plus tôt - un univers thématique, visuel et musical donc, propre. On les explore les uns à la suite des autres à travers l'histoire du jeu, histoire servie par des cinématiques animés dans un style cartoon très appréciables. On a beau savoir que l'infâme Docteur Fetus arrivera toujours à s'échapper dans le monde d'après, on suit tout de même les aventures de Meat Boy et de Bandage Girl avec intérêt !

Chaque niveau dispose également d'un mode sombre, une version alternative plus difficile à débloquer si vous réalisez le niveau en un temps donné. Si vous voulez découvrir le jeu à 100%, va falloir cavaler ! On note également la présence de warp zones secrètes et de tétines à collecter si vous voulez débloquer des personnages ou des niveaux supplémentaires. Avis aux complétionnistes ! C'est bien évidement optionnel et le jeu se fait très bien sans chercher la petite bête et les petits détails cachés partout.

Visuellement, le jeu choisit une direction artistique dans la veine des jeux précédents, mais plus coloré, plus chatoyant cependant. C'est très mignon malgré le "gore" et l'explosion sanglante aux (nombreuses) morts de Meat Boy et au sang qu'il laisse partout. Les niveaux sont clairs, très lisibles, et les animations sont parfaites pour comprendre tout ce qui se passe. Comme souvent avec McMillen, le tout est servi par le rock énergétique de Ridiculon qui donne la patate et qui accompagne parfaitement les différents niveaux du jeu. Les bruitages sont impeccables, servant le propos d'une façon nette et précise. Du très très bon à ce niveau là !

Loin de faire l'unanimité, le jeu nous a plu par sa proposition originale et sa profondeur de gameplay malgré, oui, le fait que ce soit un endless runner. Le nombre et la qualité des niveaux, notamment avec les mécaniques propres à ceux-ci, nous ont convaincu et nous y avons trouvé le challenge que nous recherchions, certes différent d'un plateformer classique mais tout de même. L'ensemble est très agréable à la manette, à l'oeil et à l'oreille, n'hésitez pas à découvrir ce mal-aimé que vous fera passer un excellent moment !

Super Meat Boy Forever est disponible sur Switch, PS4, XBox One, Android, PC, Mac et Linux pour une quinzaine/vingtaine d'euros. Vous pouvez le retrouver sur Steam juste ici => http://bit.ly/3WVeZNu Vous pouvez découvrir le trailer du jeu par là => http://bit.ly/3DY9xAE et la découverte de MisterMV de ce côté-ci => http://bit.ly/3Elbd8O Si vous n'avez pas le temps, on peut vous conseiller la critique express de Radio France sur le jeu trouvable de ce côté-là => http://bit.ly/3EpMj8b Enfin, comme d'habitude, vous pouvez trouver la bande originale du jeu sur YouTube, c'est tout droit => http://bit.ly/3TujNqa Bon écoute, et bon jeu !

"Run, Meat Boy, Run !"

Recommandation originalement postée le 11 novembre 2022.